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À l'occasion des 19 ans de la coordination régionale Initiative Outre-Mer, les délégués régionaux d'hier et d'aujourd'hui vous racontent son histoire. Bruno Casalan, Dominique Sery et Paul Haxel se prêtent au jeu de l’interview croisée.

De gauche à droite : Bruno Casalan, Dominique Sery, Paul Haxel

1/ Dans quel contexte avez-vous rejoint la coordination régionale d’Initiative Outre-Mer ?

Bruno Casalan – Chargé de mission outre-mer chez Initiative France de 2009 à 2011, Délégué régional de la coordination régionale Initiative Outre-Mer de 2012 à 2013 et actuellement Directeur d’Initiative International :  

J’ai pris mes fonctions de chargé de mission outre-mer dans le contexte du mouvement social de 2009 [grève générale contre la vie chère qui a paralysé tous les secteurs pendant plus d’un mois]. J’ai mis en place un dispositif d’aide aux entreprises ultramarines afin qu’elles se remettent des dommages de cette crise.

Dans ce contexte, j’ai également co-construit les conditions de l’animation régionale avec Danièle Le Normand à l’époque présidente d’Initiative Réunion, la crise sociale étant un motif de regroupement des associations autour d’un objectif commun.

Dominique Sery – Directeur d’Initiative Réunion depuis 2008 :

J’ai intégré le réseau Initiative en 1997 en qualité de chargé de mission, à l’époque où Initiative Réunion s’appelait encore Réunion Entreprendre. Aujourd’hui, je suis à la direction de l’association depuis 2008. Après le départ de Bruno Casalan en 2013, l’activité de la coordination a quasiment cessé, se limitant à une rencontre par an entre les présidents et directeurs des associations locales pour l’assemblée générale et le conseil d’administration.

Au bout de huit ans, un réel décalage entre les associations locales et le besoin de se retrouver régulièrement s’est fait ressentir. Par conséquent, au second semestre 2021, j’ai endossé le rôle de délégué régional d’Initiative Outre-Mer par intérim, en plus de mes fonctions de Directeur d’Initiative Réunion, afin d’engager les démarches nécessaires au recrutement d’un nouveau délégué régional.  

Paul Haxel – Délégué régional de la coordination régionale Initiative Outre-Mer de 2022 à ce jour :

J'ai pris la suite de la coordination régionale, Initiative Outre-mer, le 14 mars 2022, dans le contexte de relance de l'activité de l'association. Dominique Sery, qui avait assumé le rôle par intérim, a effectué les démarches nécessaires afin d’obtenir les conventionnements et de fixer un programme d’action et une ligne directrice. Il a dû réaliser certains documents administratifs pour aboutir à mon recrutement et au bon fonctionnement de l’association.

De ce que j’ai pu comprendre, de l’histoire de la coordination, depuis 2014, Initiative Outre-Mer n’avait pas les moyens d’assumer son rôle de coordination. C’est pendant la période « Covid », que les présidents et directeurs des associations locales, on ressentit le besoin d’avoir une coordination régionale et on fait le nécessaire pour la réhabilitée.

2/ Quels ont été les principaux objectifs de votre prise de poste en tant que Délégué régional ?

B. Casalan : 

Le premier objectif était de rompre l’isolement des associations Initiative en outre-mer avec les moyens spécifiques offerts par le ministère des Outre-mer et l’Union européenne. En outre, je devais m’assurer que les associations en outre-mer ne soient pas lésées par l’éloignement géographique et qu’elles bénéficient, au même titre que les associations présentes en hexagone, du soutien de la coordination nationale en matière d’accès aux programmes de formation, d’outils, de communauté professionnelle et de participation aux séminaires.

D. Sery : 

Je ne considère pas vraiment avoir occupé ces fonctions. Comme Bruno, je dirais que mon objectif était de palier à l'isolement des associations locales. Malgré la volonté de se rencontrer, l’éloignement géographique entre les associations locales et la coordination nationale rend l’animation du réseau difficile sans délégué régional. Mon objectif était de mettre tout en place administrativement afin d’avoir quelqu’un qui fasse la passerelle entre la coordination nationale et les associations locales, et valoriser nos actions auprès du ministère des Outre-mer.

P. Haxel :

Mes objectifs, en tant que délégué régional, sont ceux qui ont été annoncés aux partenaires et se déclinent en trois missions phares. Coordonner, animer la vie des associations locales d’outre-mer, et être un relais entre la coordination nationale Initiative France et les associations locales. Ce qui se caractérise par l’organisation d’échanges de bonnes pratiques, de formations, par la mise en place de projets communs et par l’animation des échanges avec la coordination nationale.

3/ Quel est le plus gros défi que vous avez relevé ou quel défi devez-vous relever ?

B. Casalan :

L’un des plus gros défis a été le développement de la couverture territoriale des associations Initiative en outre-mer. Les pourparlers avec le réseau des CCI (chambre de commerce et d’industrie) n’étaient pas de mince affaire, il a fallu construire un plaidoyer pour les convaincre de l’utilité nos services d’accompagnement et de financement des entrepreneurs sur d’autres territoires ultramarins, notamment à Mayotte et en Polynésie Française. 

D. Sery :

Je dirais que mon plus gros défi a été d’effectuer les démarches nécessaires au recrutement de Paul dans un délai très court, trois mois, tout en assumant mon rôle de directeur à Initiative Réunion. J’ai dû participer aux réunions de coordination régionale et réimmatriculer l’association Initiative Outre-mer afin de pouvoir mener les négociations pour avoir des financements auprès de la Banque Publique d’Investissement (Bpifrance) et du ministère des Outre-mer. Cela a été possible grâce aux heures mises à ma disposition par Initiative Réunion et au soutien de mon directeur adjoint.

P. Haxel :

Je dirais qu’il y a trois défis majeurs à relever. Le premier est l’objectif même de la relance de la coordination, c’est de mobiliser tous les présidents et directeurs, de les faire participer et s’investir en prenant en compte l’éloignement des territoires et les différents fuseaux horaires. Le deuxième est de trouver des sujets porteurs qui fédèrent toutes les associations. Le dernier est de soutenir les associations locales dans le développement de leur partenariat financier depuis Paris, sachant que chacune d'entre-t-elle à son propre fonctionnement, ses propres problématiques. Les attentes d'une association du Pacifique ne sont pas les mêmes que celles d'une association des Antilles.

4/ Qu’est-ce qui vous rend fier de faire partie du réseau Initiative

B. Casalan :

Les témoignages d’entrepreneurs Initiative sont des réelles sources de motivation pour être au service de ce projet, et certains d’entre eux sont de vraies success story. C’est gratifiant de voir comment le prêt d’honneur peut changer des vies. Je suis également fier d’être entouré de personnes qui font vivre la promesse Initiative. Notamment, les bénévoles, qui donnent de leur énergie et de leur temps pour mettre en place notre système de financement et d’accompagnement entrepreneurial solidaire sur leur territoire.

D. Sery :

Ma plus grande satisfaction est d’être témoin de la pérennité d’une entreprise que l’on a accompagné des années auparavant. J’ai l’exemple d’un porteur de projet que j’ai accompagné il y a 20 ans lorsque j’étais encore chargé de mission, il était au RMI (revenu minimum d’insertion) à l’époque. Aujourd’hui, c’est un entrepreneur accompli qui a créé une quinzaine d’emplois et qui transmet son entreprise à sa fille. C’est gratifiant de voir que son projet continue de vivre sans lui.

Ce qui me rend fier au niveau d’Initiative Réunion est que nous avons une mission de développement économique et que nous permettons à des personnes en situations difficiles de pouvoir créer leur propre emploi. Nous facilitons l’accès à l’emploi par l’aide à la création d’une activité, grâce à la création dispositifs spécifiques et grâce à notre accompagnement qui permet de faire croître et pérenniser les activités.

P. Haxel : 

Ce qui me rend fier, c’est d’être témoin de l’aboutissement d’un rêve de vie d’un porteur de projet qui n’aurait pas eu cette chance sans les associations Initiative. Être entrepreneur, c'est un défi, une bataille contre la vie, voir que notre accompagnement solidaire et notre investissement donnent des résultats aussi positifs me rend fier de faire partie du réseau.

Je suis fier d’être délégué régional de la région du réseau Initiative qui couvre le plus de territoires, de cultures, de langues différentes et qui est présente sur presque tous les océans. J’aime profondément ces territoires et je suis admiratif du travail des personnes qui m'entourent et de ce qu'ils mettent en œuvre pour leur territoire.